Liberty News - Le nouveau droit successoral entrera en vigueur début 2023

Les prestations de retraite sont de plus en plus sous pression, car la population vieillit. Du point de vue de la politique sociale, il existe trois leviers : une réduction des rentes, une augmentation de l'âge de la retraite ou davantage de cotisations. Qu'est-ce qui a du sens?

A l'occasion du 50ème anniversaire du concept des trois piliers, le magazine "Sécurité sociale (CHSS)" a invité un débat sur la question et a invité les syndicats et les employeurs à un débat. Le débat sur la prévoyance vieillesse porte sur le financement du premier pilier : alors que Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse, souhaite développer l'AVS, Valentin Vogt, président de l'Union patronale suisse, réclame des solutions "non conventionnelles" comme le couplage de l'âge de la retraite à l'espérance de vie.

Le premier et le deuxième pilier ensemble protègent contre la pauvreté des personnes âgées

Valentin Vogt, président de l'Union patronale suisse, prône la répartition des risques sur trois piliers du système de prévoyance suisse : le premier pilier réagit fortement aux changements démographiques, le deuxième à l'évolution des revenus financiers et le troisième pilier laisse une marge de manœuvre individuelle, en y incluant toutes les épargnes privées. Les personnes qui disposent d'un premier et d'un deuxième pilier présentent en outre un risque de pauvreté plus faible que celles qui dépendent uniquement de l'AVS. Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse, loue la stabilité du premier pilier ainsi que la possibilité pour le deuxième pilier de retirer son capital. Au cours des dix dernières années, le système a toutefois été ébranlé : Des taux de conversion plus bas dans la prévoyance professionnelle feraient baisser le niveau des rentes. Il souligne en outre que seule une minorité bénéficie d'un troisième pilier.

Les prestations sont de plus en plus sous pression

En effet, l'AVS couvre de moins en moins le dernier salaire et les taux de conversion de la prévoyance professionnelle baissent. Vogt confirme ce démantèlement, car la population est de plus en plus âgée. D'autres réformes sont donc inévitables. Du point de vue de la politique sociale, Vogt voit trois leviers : on peut réduire les rentes, augmenter l'âge de la retraite ou exiger davantage de cotisations. Une réduction des rentes n'entre pas en ligne de compte pour lui. Il reste donc l'augmentation de l'âge de la retraite et des cotisations supplémentaires. Une combinaison des deux mesures lui semble la plus judicieuse. Pour Maillard, l'augmentation de l'âge de la retraite n'est pas une option. Selon lui, les cotisations salariales supplémentaires sont les moins douloureuses pour les travailleurs : en mai 2019, deux tiers des votants ont dit oui à une augmentation de 0,3 point des pourcentages salariaux de l'AVS (projet de réforme fiscale et de financement de l'AVS RSTAF). Cela montre que cette mesure est largement acceptée. Les partenaires sociaux ont augmenté progressivement les pourcentages salariaux AVS pendant des décennies afin de financer suffisamment l'AVS. Pourquoi l'Union patronale suisse veut-elle soudainement mettre fin à cette histoire à succès ?

La Suisse, avec ses salaires élevés, est déjà sous pression

Vogt souligne que l'UPS s'oppose aux projets de réforme purement financiers. Il critique en outre le fait que les syndicats en Suisse veulent renchérir le facteur travail. La Suisse, avec ses salaires élevés, est déjà soumise à une énorme pression en comparaison internationale. Il attribue le faible taux de chômage à des effets de rattrapage dus à la pandémie Covid-19 ainsi qu'à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée : de plus en plus de personnes travaillent à temps partiel alors que les baby-boomers partent à la retraite. Si cela continue, la Suisse aura du mal à maintenir sa prospérité. De nombreuses entreprises suisses créent de plus en plus d'emplois à l'étranger. Selon Maillard, une augmentation des cotisations AVS de 0,3 pour cent du salaire n'a toutefois aucun effet sur le marché du travail. Le taux de chômage en Suisse serait à un niveau historiquement bas.

Le deuxième pilier est-il surfinancé ?

Compte tenu des pourcentages salariaux douloureux, Maillard voit le potentiel d'économie le plus probable dans le deuxième pilier. Il affirme que les salaires versent chaque année 25 milliards de francs de plus à la prévoyance professionnelle qu'ils n'en reçoivent sous forme de rentes et de versements en capital. Après presque 40 ans d'existence du deuxième pilier, le moment est venu d'examiner ce mécanisme d'un œil critique. Il lui semble que le deuxième pilier est surfinancé. Les caisses de pension gèrent une fortune de 1 billion de francs. Elles doivent placer les fonds selon des règles strictes, ce qui affaiblit la marge de manœuvre des partenaires sociaux. On a construit un système qui donne trop de pouvoir aux experts en prévoyance. Le rapport entre les cotisations salariales et les prestations ne semble plus correct. Une analyse fondamentale est nécessaire pour déterminer si davantage de risques sont possibles. Vogt reconnaît en outre que les personnes travaillant à temps partiel sont aujourd'hui désavantagées - parmi elles se trouvent de nombreuses femmes. Mais il ne comprend pas tout à fait les critiques adressées au deuxième pilier : Grâce aux règles strictes, il n'y a pas eu de grandes faillites de caisses de pension depuis 1984. Les syndicats sont en outre représentés de manière paritaire dans les conseils de fondation des caisses de pension et soutiennent les décisions de placement.

Les employeurs devraient proposer des modèles de travail flexibles

Interrogé sur l'augmentation de l'âge de la retraite, comme les jeunes libéraux-radicaux voulaient le faire par le biais d'une initiative populaire, Vogt estime que l'initiative est une bonne occasion de discuter d'une augmentation de l'âge de la retraite de manière objective et ouverte aux résultats. Car le vieillissement de la population est un fait, selon lui. Mais alors que Maillard évoque la pression croissante sur les travailleurs, Vogt cite les actifs plus âgés qui se sentent encore en forme à 65 ans et qui souhaitent continuer à travailler - avec un taux d'occupation plus faible. Les employeurs sont donc invités à proposer des modèles de travail flexibles, afin que l'on puisse par exemple réduire progressivement son temps de travail à partir de 58 ans et travailler au-delà de l'âge de référence de la retraite. Il faut se défaire de l'idée que le travail s'arrête à 65 ans. Maillard fait remarquer qu'il n'est pas nécessaire d'augmenter l'âge de la retraite pour cela : on peut déjà travailler plus longtemps aujourd'hui. Ceux qui veulent travailler plus longtemps doivent le faire. Mais il ne faut pas pénaliser ceux qui veulent prendre leur retraite à l'âge normal. Il demande également de l'honnêteté : ce sont les entreprises qui donnent le rythme sur le marché du travail. Les personnes de plus de 60 ans sont souvent celles qui ont le plus de difficultés.

Il faut réfléchir à des solutions non conventionnelles

Vogt voit les choses différemment : il fait notamment référence à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Maillard affirme que les gens, lorsqu'ils ne sont pas malades ou épuisés, aiment travailler, même à un âge avancé. C'est pourquoi les conditions de travail doivent être améliorées. De plus, seules les personnes qui gagnent bien leur vie peuvent se permettre de prendre une retraite anticipée. L'autre moitié des travailleurs n'a pas le choix et doit travailler jusqu'à 65 ans parce qu'elle dépend de l'AVS. Parmi eux, on trouve beaucoup de femmes. Pour les syndicats, une augmentation de l'âge de la retraite n'entre pas en ligne de compte et aura du mal à passer dans les urnes. Vogt propose par exemple de lier l'âge de la retraite au nombre d'années de travail. Ou de lier l'âge de la retraite à l'espérance de vie. Le système actuel est en tout cas beaucoup trop rigide. Il faut réfléchir à des solutions non conventionnelles.